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Recette pour la traversée du désert.

 

 

Yeux fermés,

Balancé au pas du méhari,

Entre paupières voyant ces membres,

Longs et tendus, pointe du pied

Ongles caressés du sable coulant le temps.

Au sachet de cuir pendant à la ceinture,

Prise entre l’index et le pouce,

Une datte deglet nour ambrée,

Chair molle doucement mordue, éclatée,

Fibre entre les dents

En sirop lentement avalée.

Reste en bouche un noyau si long, si fin, pointu,

Tourné et retourné enveloppé de la langue,

Là pour nourrir ton absence

Le soleil, sans eau, au jour,

Et la lune sucrée par les nuits froides,

Noyau comme pierre dans la bouche,

Salive en flot dans l’attente d’une bouchée encore,

Qui te rendra heureux le temps d’une étincelle.

Le goût et la saveur domptent cette attente.
Rupture du temps,

Plaisir tendu au bord de l’abîme,

Aux sillons du désert, ergs et regs traversés,

Penser à toi, amour aux mains, Ô caressantes

En grains de couscous si fins, ta peau

Au goût d’amande et de poivre noir

Yeux fermés, senteurs du retour

Coriandre, cumin, cannelle,

Macis, safran, fenouil,

Mêlés au sang de ton ardeur.

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